Juin 2019- Périple en Sicile- S Groisil et G.Devroet

Jour 3 :

Nous retrouvons Stéphane sur la terrasse pour le petit déjeuner.
Nous sommes tous en forme, très heureux d’être là.
La patronne nous amène le café, nous avons le choix entre les nombreuses confitures locales (mandarine, citron, mangue…), un peu de charcuterie, du fromage.
La chaleur est déjà là, un chat est allongé sur le toit juste en face.
La ville est juste en face de nous, composée d’un bric à brac de maisons accrochées les unes aux autres.
Nous allons ensuite arpenter les rues des deux collines avec la visite d’églises.
Dans une de ces églises je remarque le superbe travail de marqueterie de l’autel et de tous les meubles.
Un étudiant s’approche et nous commente, en français, une visite impromptue.
Il nous fait descendre dans la crypte, la température très fraîche nous fait du bien.
Nous remontons vers les jardins qui ont de nombreuses plantes grasses et des fontaines.
Il est temps pour nous de prendre la route.
Nous décidons de ne prendre que les petites routes intérieures pour voir un peu la Sicile rurale.
Nous roulons au travers des champs qui viennent d’être moissonnés.
Le terrain est vallonné, les couleurs vont du jaune au vert.
Il y a des plantes grasses de plusieurs mètres de hauteur, des vaches.
La radio est éteinte, mais Stéphane nous fait une playlist de chansons italiennes ou évoquant l’Italie.
Ça va de Jimmy FONTANA (il Mondo) a Gigi de l’Amoroso (Dalida)  en passant par Ruggiero RAIMONDI repris en cœur par tout le monde.
A un moment notre route est fermée. Nous envisageons donc un détour.
Notre route est étroite et je rate une bifurcation.
En fait, il n’y a aucun panneau nulle part et la société de location a retiré la carte du GPS.
Nous nous engageons sur une route encore plus étroite sur plusieurs kilomètres, à un moment elle n’est plus bitumée et juste pavée par des pierres.
Nous ne voulons pas abîmer la voiture, je fais demi tour.
En descendant, je croise un 4×4 qui s’arrête à notre hauteur.
Je baisse la vitre et je vois une bouille joviale sous une casquette qui se marre.
L’endroit est désert, personne ne doit jamais passer sur cette route.
Il a compris que nous nous sommes perdus.
Il nous explique comment nous retrouver sur la route de Syracuse.

En rentrant dans Palazzotto Atereides il y a un cimetière avec des monuments funéraires très hauts.
L’équipage demande une visite du cimetière.
Nous déambulons dans les allées.
Plusieurs stèles doivent dépasser allègrement les 10m de haut.
Après le déjeuner nous repartons.

Je suis étonné par un panneau à l’entrée de Salarino qui affiche sa volonté de lutter contre le racket.
C’est la deuxième fois depuis notre arrivée que ce fléau est évoqué.
L’image de la Sicile est associée à la mafia.
Ce n’est peut-être pas qu’une image…

Notre arrivée à Syracuse se déroule très vite, mise dans un parking de la voiture et prise des clés des chambres.
Balcon et vue sur mer pour la nôtre .

Nous sommes à côté de la grande place du Duomo.
Visite payante de l’église, visite à 7 euros dans une salle à l’opposé pour 3 tableaux… Dont 1 tableau du Caravage : St André sur La Croix.
Nous sommes contents d’avoir vu ce tableau qui reprend certains visages de Judith et Holopherne qui était exposé à Paris il y a quelques mois.
Nous terminons la journée en nous promenant dans le quartier arabe, les rues sont étroites.

Jour 6 :

Bonjour
Nous nous réveillons face à la mer, sous un grand ciel bleu.
Après notre montée au Stromboli d’hier soir, un peu de difficultés à trouver le sommeil, des crampes pour moi.
Ce matin, j’ai un peu l’image de ressembler à un culbuto qui avance une jambe raide après l’autre.
Nous nous rendons rapidement à l’embarcadère (par triporteur, parce que ce matin personne n’est en état de se déplacer rapidement).
Nous n’avons pas envie de quitter cette île et regrettons un peu de ne pas avoir le temps de nous arrêter sur d’autres.
Le navire quitte le port, il y a beaucoup de français à bord.
L’un d’entre eux a visiblement besoin que tout le monde soit au courant qu’il est monté au bon endroit, qu’il « a fait » l’Etna en très peu de temps et que ceci et que cela.
Le bateau étant fermé, sans possibilité de sortir, c’est exaspérant.
Toujours difficile de sortir d’un moment qui est une parenthèse intime (même si elle est vécue en petit comité) et de se retrouver dans la globalité humaine.
Mais, même les cosmonautes ont dû revenir sur terre un jour.
Après cette traversée,  nous reprenons la voiture et nous rendons à Piazza Armerina.
Cette ville se situe en Sicile intérieure, plutôt au sud, elle nous rapproche de Comiso où nous avons laissé l’avion.
Comme beaucoup de ville ou village de Sicile, Piazza Armerina est en hauteur, sur une colline.
Nous posons les bagages dans nos chambres qui ont une vue qui donne directement sur le village.
Nous partons visiter la Villa Romana Del Casale.
Il s’agit de la villa d’un Consul de Rome qui vivait environ 400 ans après JC.
Cette demeure est très grande, au fond d’une vallée.
Les collines environnantes sont douces et harmonieuses.
La végétation est différente mais nous pourrions presque nous croire en Toscane.
Le consul était très riche.
La maison est imposante, avec de nombreuses pièces, toutes très grandes.
Tous les sols sont couverts de mosaïques très bien conservées.
Scène de chasses, de pêche, de figures plus classiques dans les pièces administratives, de scènes plus intimes dans quelques chambres.
Ce consul avait bon goût, il savait vivre.
Il aimait sûrement le vin.
Bourgogne, uniquement !(bonjour Monsieur le Président de l’aéro-club de l’ouest parisien).
C’est la fin de journée, nous sommes les derniers dans ce bel endroit.
Le soleil descend, les couleurs sont apaisantes.
Nous retournons en ville pour diminuer la liste des apéros en attente et dîner.
À demain

Jour 7: Vendredi 21 Juin

Petit déjeuner dans la belle salle à manger de notre hôtel, face à une terrasse qui domine Piazza Armerina.
En fait, fidèles lecteurs, depuis une semaine nous sommes un peu dans l’embarras.
Il nous arrive un problème : nous manquons d’essence pour notre avion, ce qui en survolant la mer, peut occasionner quelques problèmes.
Il n’y a pas d’essence pour notre type d’avion sur l’aéroport.
Si vous avez suivi l’ensemble de notre voyage, vous savez que lors de notre dernier vol nous avons attendu 30 minutes avant d’avoir l’autorisation de décoller et environ 15 minutes à  tourner en rond avant d’avoir l’autorisation de pouvoir atterrir.
Ces différents retards, imprévus, mais toujours possibles lors d’un vol nous font manquer de 45 minutes d’autonomie pour repartir.
En Sicile, notre type d’essence est assez rare.
Rassurez vous, même si depuis plusieurs jours nous cherchons une solution, ça ne nous a pas  vraiment inquiété.
Nous sommes en Italie et même si impossible n’est pas français, les Siciliens ont de la ressource.
Il y a un Aeroclub sur le terrain et un des membres nous propose 20 litres pour nous dépanner.
C’est moins que ce que nous aurions souhaité, mais ça nous permet de nous rendre, avec une marge de sécurité suffisante, sur l’un des rares terrains où nous sommes sûr de trouver de l’Avgass: Reggio de Calabre.
Notre sauveur ne peut venir nous dépanner en essence qu’à  partir de 16h.
Nous aurions aimé partir plus tôt, mais nous n’avons pas le choix.
Nous prenons donc le temps de  traîner dans la belle campagne Sicilienne, très vallonnée avec des couleurs jaunes, ocres et vertes.
Nous sommes étonnés de voir des champs de cactus, de plusieurs mètres de haut et bien alignés.
Je suppose, mais ce n’est pas une certitude, que c’est pour cultiver la figue de Barbarie.
Nous passons par Castiglione et son escalier monumental (145 marches).
Chaque marche est couverte de mosaïques, différentes pour chaque marche.
Il fait vraiment très chaud, près de 40 degrés.
Nous écoutons Il Mondo une dernière fois, nous rendons la voiture à l’aéroport.
Stéphane s’occupe des formalités pendant qu’avec notre ami de l’aéro-club local nous versons 20 litres d’Avgass , à l’aide d’un jerricane et d’un tuyau dans un des réservoirs de l’avion.
Décollage, survol de Catane, belle vue sur l’Etna, survol de Taormina et traversée pour atterrir a Reggio.
Vol d’une heure, sans histoire.
Comment vous expliquer le mutant qui pousse en moi depuis le décollage ?
J’ai adoré cette semaine en Sicile, je n’aime pas les retours (eh oui, c’est le début du retour), j’ai des à priori sur Reggio.
 Bref, je suis de mauvaise humeur et mes compagnons profitent pleinement de mon état d’esprit en cette fin de journée (je m’en excuse auprès d’eux).
J’avais donc des à priori sur Reggio, cette escale, va se montrer à la hauteur.
Dès l’arrivée au parking nous demandons de l’essence.
La contrôleuse nous annonce que c’est impossible avant demain matin.
Stéphane avait vérifié, l’avgass est annoncé disponible 24h/24, nous avons fait une demande préalable depuis plus de 24h, nous redemandons de l’essence immédiatement.
Contrôleuse imperturbable, demain matin à partir de 4 heures.
Le handling nous amène dans un local salle, où il y a 3 gus pour me faire remplir un formulaire.
L’escale de ce soir n’était pas prévue à l’avance, elle dépendait vraiment de la quantité d’essence supplémentaire que nous pourrions obtenir à Comiso.
Nous demandons de l’aide pour trouver un hôtel (ça fait aussi partie de leur boulot), ils nous expliquent que nous trouverons des renseignements dans le hall de l’aérogare.
Nous nous retrouvons rapidement dans un aéroport vide (il n’y a aucun avion au départ, ni à l’arrivée).
A part quelques policiers, nous sommes seuls.
Nous commençons tous les 3, avec nos téléphones à chercher des noms d’hôtels, appeler, parfois se faire comprendre à chaque fois sans réponse positive.
La plaisanterie dure plus d’une heure à galèrer, l’office du tourisme est fermé.
Bien que sans solution, nous appelons un taxi, nous lui expliquons notre soucis.
Il passe deux trois coups de fils et nous trouve un B and B.
Nous ne savons pas à quoi nous attendre, ne connaissons pas le prix, mais nous n’avons pas le choix…
Il nous emmène dans une cité glauque, bien que lés bâtiments soient propres. Les routes sont défoncées, les momes jouent dans la rue, des poubelles partout.
Au bout de quelques minutes dans ce dédale, nous ne savons pas où nous sommes et le chauffeur s’arrête et passe un coup de fil. Serions nous avec un détrousseur calabrais ?
Une dame arrive, une chambre pour Stéphane au 4e pour 20 € et une pour nous (vue imprenable sur le voisin d’en face a quelques mètres) au 2e pour 30 €.
C’est déprimant, mais les chambres sont propres et le prix est vraiment honnête.
Nous demandons au taxi de venir nous récupérer dans une heure pour aller dîner.
Il veut nous déposer à une pizzeria du coin, étant donné le quartier nous lui demandons d’aller vraiment en ville au bord de la mer.
Il nous amène au club de voile en nous précisant que le restaurant est très bon.
Je vais peut-être me réconcilier avec cette ville?
Le restaurant au bord de l’eau, avec vue sur la Sicile juste en face, est complet.
Après un apéro, près d’un haut parleur hurlant, une odeur de fritures de poissons trop grasses, nous nous réfugions dans un steak housse.
Stéphane mange des tranches d’un poulet qui a dû avoir des formes que beaucoup de chercheurs aimeraient étudier, car jamais observées dans la nature.

Jour 8 : Samedi 23 Juin

Notre brave chauffeur nous ramène et nous convenons du retour à l’aéroport.
Il demandera 60 € pour l’ensemble de ses prestations ce qui est raisonnable.
Ce chauffeur aura été notre ange gardien dans cette ville qui ne trouvera aucun attrait à mes yeux.
60 € de handling pour aucun service et nous décollons.
Il fait beau, je survole la côte à 2000 pieds, vue lointaine du Stromboli que nous ne survolerons pas, c’est trop éloigné de notre route vers le nord.
Atterrissage à Salerno pour refueler et passer les commandes à Stéphane.
Àh Salerno ! Quel aéroport !
Comme il y a 8 jours ils nous font comprendre qu’il faut un préavis pour atterrir (que nous avons déposé, mais nous n’avons pas eu de réponse), qu’il faut demander de l’essence avant de se poser, ce qui a été fait.
Il y a une semaine c’était un bureaucrate, cette semaine c’est une fille, mais l’égalité est parfaite: ils sont aussi peu aimables et aussi cons l’un que l’autre (désolé, je n’ai pas d’autres mots et je suis sobre).
Quand nous lui demandons le numéro de téléphone pour déposer le plan de vol, elle ne l’a pas et ne veut pas le chercher, quand nous lui demandons le numéro de téléphone de la tour de contrôle, elle n’a pas le temps.
Strephane reste calme, moi pas du tout.
Elle a de la chance, je ne connais pas l’italien et mon anglais est trop mauvais pour que je lui dise ce que je pense.
Nous n’avons même pas accès à une météo ou aux notams (informations particulières sur les aéroports qui se trouvent sur notre route)
Bien sûr nous nous débrouillions avec nos portables, mais c’est tout simplement inadmissible.
33 € pour payer des gens à ne rien faire, sans aucune amabilité, c’est le principe de Salerno.
Bien sûr, nous voyons que tout le monde n’a pas le même traitement.
Une famille arrive, tout de blanc vêtue, 4 chariots de bagages complets, sacs de marque etc…
Le personnel de l’aérogare prend tout en charge et emmène rapidement bagages et passagers à un jet privé.
Nous re décollons, trop contents de quitter cet endroit.
Même parcours qu’à l’aller, très loin au large devant Rome, à 1000 pieds au dessus de la mer, ce qui ne nous laisserait aucune chance en cas de problème moteur de notre avion.
Nous arrivons sur Elbe avant de mettre le cap sur Bastia.
Comme à l’aller, le contrôleur nous demande de faire un détour pour ne pas être trop proches d’avions au décollage.
Survol au dessus du Cap Corse ce qui nous évite de le contourner et descente très rapide car un énorme nuage se situe sur notre route.
Stéphane doit descendre à 500 pieds au dessus de la mer pour pouvoir passer.
Finalement, ce nuage s’arrête avant Calvi et Stéphane se pose sans problème.
Nous retournons à l’hôtel Balanea.
L’hôtel est situé juste sur le port et la patronne dynamique fait des tarifs pour les pilotes de passage, si vous passez par Calvi….
Les rituels ne changent pas, retour a la terrasse du bar sur le port à regarder les bateaux et cette grande baie de Calvi entourée de montagnes.
Nous dînons sur une petite place, au grand air, dans un restaurant typiquement Corse.

Jour 9 : Dimanche 24 Juin

Nous avons décollé avec un grand ciel bleu, je suis monté au niveau 55, puis 65 et 85 sur les Alpes de haute Provence.
Pratiquement aucun nuage sur les reliefs, peu de turbulences.
Je pense ne jamais avoir eu une visibilité aussi grande dans cette région.
Les Écrins étaient bien visibles avec quelques sommets encore enneigés.
L’équipage a été enthousiasmé par le calme et la beauté de ce vol.
Je me suis posé à St Rambert, déjeuner au sympathique restaurant de l’aérodrome.
Stéphane a repris les commandes pour nous ramener à Saint Cyr.
Depuis la verticale de Saint Tropez, notre route n’a pratiquement été qu’une grande ligne droite.
C’est plus court que de passer par Montauban !
Ce dernier résumé condense plusieurs jours.
J’en suis désolé, mais l’exercice prend du temps et j’ai manqué de courage dans nos dernières journées qui furent intenses.
Je vous remercie de m’avoir suivi.

À bientôt

Guy DEVROEDT & Stéphne GROISIL


Je remercie:

Stephane et Corinne,
L’ensemble des bénévoles de notre Aeroclub, qui permettent que des voyages comme celui ci soit possible,
Christine,
Nos mécanos qui préparent des avions qui fonctionnent comme des horloges!